Et si un robot se mettait à vendre ses œuvres d’art aux enchères ?
C’est exactement ce qu’a fait Ai-Da, un robot humanoïde qui a récemment fait sensation en vendant son œuvre AI God chez Sotheby’s à Londres pour 1,2 millions d’euros, bien au-delà des prévisions. [1]
Ai-Da, robot artiste dôté d’intelligence artificielle. © Aiden Meller, merci à lui pour son autorisation sur l’image.
Ai-Da, achevée en 2019, est un robot humanoïde intégrant des algorithmes avancés d’infographie et d’intelligence artificielle, lui permettant de produire des dessins, peintures et sculptures. Dotée d’un bras robotisé et de caméras intégrées dans ses yeux, elle réalise ses œuvres en traduisant en temps réels les informations données par ses différents capteurs. Elle porte un nom féminin inspiré d’Ada Lovelace, pionnière de l’informatique, soulignant l’héritage féminin dans la technologie. Féminisé par son nom et son apparence, ce robot humanoïde interroge la représentation genrée des machines. [2]
« AI God » (image 2) invite les spectateurs à se confronter à la tension entre la promesse de l’IA et les défis qu’elle présente », explique Ai-Da elle-même. Son créateur, Aiden Meller, va plus loin : « Elle remet en question la notion de “qu’est-ce qu’un artiste ?” Mais plus important encore, elle remet en question ce que signifie être un être humain. » Avec ses coups de pinceau qui évoquent des circuits électroniques ou des replis cérébraux, le portrait déformé de Turing reflète une vision presque dystopique de l’avenir, rappelant l’univers de Francis Bacon. [3]
« L’art, c’est essayer de créer un monde plus humain à côté du monde réel »

Cette peinture, sombre et dérangeante, représente Alan Turing, pionnier de l’intelligence artificielle, et pose une question troublante : quelle place donner à la technologie dans l’art moderne ?
Ce projet fascinant pousse étudiants, chercheurs et amateurs à s’interroger sur l’avenir de la création artistique. L’IA peut-elle vraiment rivaliser avec la profondeur et l’humanité qui définissent l’art ? Entre fascination et inquiétude, Ai-Da nous incite à explorer les nouvelles frontières de l’art… et à rester vigilants face à ses conséquences.
La vraie question est là : qu’est-ce qui fait art ? L’IA peut-elle vraiment nourrir notre esprit critique, comme l’ont fait des œuvres humaines telles que Guernica de Picasso, qui capte l’horreur de la guerre avec une profondeur émotionnelle unique ? Si le potentiel de l’IA est fascinant dans des domaines comme la médecine ou l’innovation, l’art repose sur une sensibilité humaine difficile à reproduire. Mais peut-être faut-il regarder autrement : le prix record d’une œuvre ou la démarche d’Aidan Meller, créateur d’Ai-Da, n’est-elle pas, en elle-même, une forme d’art à débattre ?
Bibliographie et sources
[1] 20 MINUTES et AFP, « La première œuvre d’art, peinte par un robot humanoïde, vendue un million d’euros aux enchères », 2024, [en ligne]. [Consulté le 31/10/2024]. Disponible ici.
[2] Ai-Da, [en ligne]. [Consulté le 29/10/2024]. Disponible ici
[3] BEAUX ARTS, « “AI God”: une œuvre du robot artiste Ai-Da mise aux enchères », 2024, [en ligne]. [Consulté le 31/10/2024]. Disponible ici.
[4] GEORGIE Young, « Aidan Meller Interview on Ai-Da the Robot Artist », Quintessentially, 2024, [en ligne]. [Consulté le 31/10/2024]. Disponible ici.
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