Marchandisation de l’art numérique

Le Libéralisme de l’art

L’art numérique, à l’origine conçu comme un espace de libre créativité, est aujourd’hui influencé par des logiques marchandes. Cela signifie qu’il est de plus en plus considéré comme une marchandise à vendre et à échanger, ce qui change profondément les façons traditionnelles de créer et de diffuser l’art. Cette évolution ouvre de nouvelles opportunités, mais soulève aussi des questions sur l’équilibre entre expression artistique et recherche de rentabilité.

En rendant l’art numérique accessible à un plus large public, la marchandisation modifie totalement l’expérience artistique, en mettant davantage l’accent sur le divertissement. Des acteurs comme Culturespaces, avec des lieux comme l’Atelier des Lumières, proposent des expositions immersives qui plongent les visiteurs dans des spectacles visuels et sonores. Ces initiatives, bien qu’appréciées pour leur démocratisation de l’art, transforment les œuvres en produits adaptés à attirer un maximum de visiteurs.

Renouveau de l’art

Ces expositions, souvent soutenues par des stratégies marketing sophistiquées, reposent sur une communication centrée sur les réseaux sociaux. Les visiteurs, incités à partager leur expérience sur Instagram ou TikTok, deviennent eux-mêmes des outils de promotion virale, participant à l’élargissement de l’audience de ces événements. Ce modèle, qui privilégie la rotation rapide des œuvres pour maximiser la fréquentation, s’éloigne des logiques muséales traditionnelles basées sur la valorisation des collections permanentes et la préservation des œuvres originales.

Les risques d’une marchandisation excessive

Si la marchandisation de l’art numérique offre des perspectives économiques prometteuses, elle comporte des risques importants. En privilégiant la rentabilité et l’attractivité commerciale, l’art risque de perdre une partie de sa signification originelle. Les œuvres, conçues pour répondre à des attentes de marché, peuvent être standardisées et perdre leur unicité artistique. Cette évolution pose également la question de l’authenticité, notamment dans le cadre des reproductions numériques et des NFT, où le certificat de propriété prime parfois sur l’expérience esthétique.

L’art, un croisement de l’innovation et du commerce

La marchandisation de l’art numérique dépasse le seul cadre des NFT. Des plateformes comme Sorare, spécialisées dans les cartes à collectionner numériques, ou NBA TopShot, qui vend des extraits vidéo de moments sportifs emblématiques, illustrent l’essor d’un modèle où l’art, le commerce et le divertissement se confondent. Ces initiatives créent de nouveaux modèles où les œuvres numériques, tout comme les biens physiques, deviennent des objets d’investissement, de spéculation et de collection. Cette logique est renforcée par l’émergence des métavers, ces univers numériques immersifs où les utilisateurs peuvent acheter des terrains, des vêtements virtuels ou des œuvres d’art sous forme de NFT. Les grandes marques de luxe comme Gucci ou Nike se sont rapidement emparées de ces espaces, proposant des produits exclusivement numériques qui brouillent les frontières entre art, mode et marketing.

L’irruption des NFT, une révolution et une niche

Dans ce contexte de marchandisation accrue, les NFT (Non-Fungible Tokens) jouent un rôle déterminant. Apparue en 2017, cette technologie, basée sur l’IA , a permis d’associer à des œuvres numériques un certificat d’unicité et de propriété, offrant ainsi une réponse à l’un des défis majeurs de l’art numérique : son infinie reproductibilité. Les NFT redéfinissent la notion de rareté dans un univers numérique où les fichiers peuvent être copiés à l’infini. L’année 2021 a marqué un tournant pour les NFT avec des ventes spectaculaires comme celles de Everydays: The First 5000 Days de Beeple (69,3 millions de dollars) ou encore The Merge de Pak (91,9 millions de dollars). Ces montants, largement médiatisés, ont propulsé les NFT sur le devant de la scène, suscitant un intérêt massif de la part des investisseurs et des collectionneurs. Cependant, malgré leur impact médiatique, les NFT restent une niche dans le marché global de l’art, avec une valeur parfois davantage spéculative qu’artistique.

Enfin, la dépendance aux technologies comme la blockchain ou les plateformes numériques soulève des enjeux de durabilité et de réglementation. Les critiques à l’égard de l’impact écologique de ces technologies et des incertitudes juridiques entourant la propriété intellectuelle des œuvres numériques rappellent que la marchandisation ne doit pas se faire au détriment des valeurs fondamentales de l’art.

Bibliographie et sources

FRANCE. HAL open science, 2021. Art numérique, immersion et marchandisation : des parties prenantes aux multiples rôles, au service de l’expérience de visite : le cas de l’Atelier des Lumières. Paris, Celsa Sorbonne Université Mémoire de master 2, 22 septembre 2021 [en ligne]. [Consulté le 15.11.2024] : Disponible ici.

Mission du CSPLA sur les jetons non fongibles (JNF ou NFT en anglais), 2022. In culture.gouv [en ligne]. [Consulté le 09.11.2024] : Disponible ici.

Ecole de Guerre Economique, 2021. In ege.fr [en ligne]. [Consulté le 09.11.2024] : Disponible ici.

 

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