Dans un monde où la technologie redéfinit constamment notre rapport à la culture, les musées se trouvent à la croisée des chemins entre tradition et innovation. L’avènement du numérique offre de nouvelles perspectives pour démocratiser l’accès à l’art, transformant profondément l’expérience muséale et la relation du public avec les œuvres.
Le google Art project : un exemple de révolution numérique
Le Google Art Project : une révolution virtuelle l’une des initiatives les plus marquantes de cette révolution. Le Google Art Project est mis en ligne en 2011. Il reprend la technologie de Street View. Il reprend plus de 32 000 œuvres (peintures, sculptures, street art…) scannées et librement consultables sur ordinateur. Il est possible d’effectuer une recherche par musée, peintre, œuvre.
Grâce à la technologie de numérisation haute définition, les internautes peuvent désormais explorer des chefs-d’œuvre dans leurs moindres détails, depuis le confort de leur foyer. Cette plateforme soulève cependant des questions cruciales sur la nature même de l’expérience artistique.
Francesca Polacci, dans son analyse du Google Art Project, met en lumière les enjeux de cette démocratisation numérique
- La transformation de notre rapport à l’œuvre d’art.
- L’impact sur la compréhension et l’interprétation des œuvres.
- Les nouvelles formes d’interaction entre le public et l’art.

Ludification et participation : l’art devient interactif.
Au-delà de la simple observation, les musées explorent de nouvelles façons d’engager le public. La ludification des technologies, comme l’explique Jean-François Gauvin, ouvre la voie à une participation active des citoyens dans le domaine de la recherche scientifique et artistique.

Cette approche transforme le visiteur passif en acteur de sa propre expérience culturelle. Le musée, médiateur entre science et société. Dans ce contexte de mutation, le rôle du musée évolue. Serge Chaumier souligne l’importance du musée comme espace de médiation entre la communauté citoyenne et la communauté scientifique. Cette interaction favorise un dialogue fécond, enrichissant à la fois la connaissance scientifique et l’expérience du public.
L’intégration des technologies numériques ne se limite pas à la diffusion des œuvres. Elle influence également la conception même des expositions. Jorge Wagensberg propose une vision novatrice pour le futur Musée Hermitage de Barcelone, où art et science dialoguent sur un pied d’égalité. Cette approche vise à créer un langage muséographique unique, capable de présenter la réalité sous un angle à la fois artistique et scientifique.
L’exemple des Musées de la civilisation
Les Musées de la civilisation au Québec illustrent parfaitement cette tendance. Lydia Bouchard, conservatrice, explique comment l’intégration des jeux vidéo dans les collections muséales reflète les changements sociaux et technologiques de notre époque. Cette démarche souligne l’importance de la participation citoyenne dans les processus d’acquisition et de collectionnement. La démocratisation de l’art par le numérique ouvre des perspectives fascinantes, mais soulève également des questions fondamentales sur l’avenir des musées et notre rapport à la culture. Entre accessibilité accrue et risque de désacralisation, le défi pour les institutions muséales sera de trouver un équilibre entre innovation technologique et préservation de l’expérience authentique de l’art.
Les sorties culturelles réinventées
Les sorties culturelles ont donc la possibilité d’être différentes aujourd’hui. Pour visiter des musées, plus besoin de sortir de chez soi, on y a directement accès depuis son canapé. On peut retrouver des sculptures, peintures, objets insolites en deux et trois dimensions depuis chez soi.
Cette nouvelle façon de découvrir les lieux d’arts datent de l’essor d’internet, dans les années 1990, mais ce n’est qu’au moment du confinement lié au COVID que cette technique s’est réellement développée. En effet, les musées, afin d’éviter les pertes trop importantes d’argent, ont lancé des expositions déjà préparées sur leur site internet. Cependant, les visites virtuelles ont un coût élevé : 10 000 euros. Mettre en place ce type d’installations peut donc s’avérer très coûteux et demande de la réflexion pour les musées.

D’après Guillaume Léage, expert en mobilier XVIII à Beaux-Arts Magazine, c’est “une occasion de conquérir d’autres marchés en allant à la rencontre de nouveaux clients potentiels, plus précisément d’un nouveau profil d’investisseurs, centrés sur les cryptomonnaies et les NFTs, et n’étant parfois pas encore familier avec l’art ancien”.
La mise en place de visites virtuelles impose des contraintes aux musées. La première est celle du coût déjà mentionné plus tôt. Une exposition à transposer de façon virtuelle “coûte” 10 000 euros. Les droits d’auteur et le risque de plagiat sur internet sont aussi un problème pour les visites virtuelles car ces œuvres peuvent être récupérées par un tiers qui n’en a pas l’autorisation. La qualité de l’expérience utilisateur peut également varier suivant le système utilisé ce qui peut entrainer une lenteur de chargement, une navigation peu intuitive ou encore une image qui n’est pas agréable à voir.
A contrario, les musées peuvent élargir leur audience car les plus jeunes passent de plus en plus de temps sur internet. 4,55 milliards de personnes utilisent les réseaux sociaux dans le monde, soit plus de 57% de la population totale. Elles passent chaque jour 7h en moyenne sur internet. Les personnes qui rencontrent des difficultés à se déplacer pourraient faire leur sortie culturelle depuis chez elles et les personnes habitant dans les zones rurales n’ayant pas d’accès facile à la culture pourraient y avoir un accès plus simplifié.
Toutes ces données amènent à un besoin vital aux musées : accroitre sa visibilité et sa notoriété auprès du public, et notamment sur Internet.

En ce qui concerne les visiteurs, la visite nécessite un équipement technologique (ordinateur ou télévision, connexion internet…) et des compétences numériques de base, ce qui peut exclure certains publics. Le manque d’authenticité, c’est-à-dire l’absence de contact direct avec les œuvres originales, peut diminuer l’émotion ressentie face à des pièces historiques ou artistiques uniques.
A contrario, les barrières géographiques tombent. Peu importe où l’on habite, on a accès aux musées : l’exploration est libre, la disponibilité est illimitée (24h/24 et 7j/7).
De plus, cette technologie représenterait un support éducatif dans les établissements scolaires et pourrait donner envie à tous les amateurs de numérique de visiter le musée en présence physique.
Finalement, le Google Art Project est un très bon exemple de la virtualisation d’œuvres et de parcours musée. D’autres possibilités existent, publiques ou privées, à chacun de puiser dans toutes les possibilités qui s’offrent à lui.
Bibliographie et sources
Terouinard Z. Metafair : la nouvelle foire virtuelle. Fisheye Immersive [Internet]. 27 sept 2024; Disponible ici
Google Art Project [Internet]. Site Internet présenté à; Rennes. Disponible ici
Terrisse M. Musées et visites virtuelles : évolutions et possibilités de développement. 2013;6(2):15‑32.
Poivre d’Avror O. La culture, Mister Google, c’est aussi politique. Libération [Internet]. 18 déc 2023; Disponible ici
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